Le Coeur a ses raisons que la raison ignore !
Les journaux appelleront ça des regrets, les philosophes des actes manqués, les supporters une injustice, moi une Victoire !
La défaite d'hier soir à Tarbes ne laissera personne indifférent ! Même si le planchot révéla une défaite comptable des Tout Noirs d'un soir, les Gersois auront remporté une bien belle victoire: celle du Coeur ! Du coeur dans l'engagement, du choeur en tribunes, des heurts naso-phalangiteux, des heures interminables après le feu rouge imposé par Hakim Hadj Bachir, des moeurs troublées par le suspense de la rencontre,... Tous les ingrédients étaient réunis pour un Derby plein de saveurs !
Ambitieux dans le jeu, finis les "moi-je", place au collectif dans l'entre-jeu, mais aussi vaillants, plein d'engagement et d'envie, nos Auscitains s'approprient le jeu et les coeurs d'entrée de jeu. Récompensés par un essai opportuniste mais aussi signe extérieur de cette richesse qu'est cette belle rage de vaincre, ils tiennent le ballon, avec toutefois une progression territoriale suspendue aux errements potentiels de la défense Bigourdane, hélas peu nombreux. Cependant, le pied de PAD n'arrivera pas complètement à montrer cette supériorité (des points laissés en route qui auraient bien pu creuser l'écart dès la mi-temps...).
A l'aube de la seconde mi-temps, les intentions de chaque côté donnent tort à Philippe Bérot, qui estimait tantôt que la notion de Derby n'existait plus. Malgré tout, ils se suivent ... et se ressemblent. Duels de buteurs, tensions au planchot, flexions des mandibules, extension des radius, combat acharné, obscur, dense des seize gladiateurs de tronche, défenses aussi hermétiques que les champs de maïs de la vallée de Maubourguet. Le FCAG accuse un retard de 4 points à la pause, mais tout reste jouable à qui craquera en dernier.
Et c'est là que se jouera le tournant du match: une mêlée chahutée, qui se relève, un ballon qui sort expédié en touche 70m plus au large... mais tous les esprits restent tournés auprès des bancs de touches, où se déroule un croustillant échange d'amabilités, conforme au protocole armagnaco-bigourdan signé depuis la nuit des temps. Telle une réforme des retraites, le débat s'enlise, chacun restant campé sur ses positions et autres mollets affutés. Les nez et propositions de chacun passent à la moulinette, jusqu'à ce que le plus All Blacks des Tout Noirs ne viennent arbitrer les débats... Mais l'intervention du justicier masqué Tau Tapasu n'est pas du goût des assesseurs de l'Auvergnat, qui d'un air malheureux a souri, lorsque les gendarmes (en jaune fluo) l'ont pris... Le verdict est sans appel: au Rouge, rien ne bouge.
Rien ne bouge, sauf la mêlée auscitaine, qui perdit en l'espace d'un instant, son gaucher Mickaël Nérocan, invité à dépoussiérer l'en-but tarbais le temps d'un apéro, et son inflexible poutre de soutien à droite, Tau, prié de venir garnir des tribunes de Trélut, il est vrai, qui ne demandaient que ça, tant les étagères sonnaient creux... Et là, l'édifice s'effondre, 15m de marche arrière à chaque "Entrez", des pénalités méritées,et autant de points faciles pour le fantassin Fortassin, qui soldera là le compte des visiteurs.
C'est sans compter sans l'orgueil Gersois ! Nos joueurs auront tout tenté pour repartir à l'assaut, revenir du diable Vauvert et oser le miracle Lourdais de coiffer sur le poteau de bien mornes bigourdans (qui a dit "doux euphémisme" ??? rrrooooooohhh !!!). Mais le seul Auvergnat non champion de France en jugera autrement, par deux pénalités contre le cours du jeu.
Au final, même si la défaite est bien là, amère, difficile, on retiendra le courage, l'envie, la générosité (trop parfois...), l'ambition de nos Gersois, qui, même s'ils n'en sont pas encore récompensés, savent conserver cette lueur au fond d'eux qui s'embrasera tôt ou tard. Tarbes a su faire preuve de maîtrise, de confiance, de maturité, de sang-froid, ce qui leur permet de remporter ce derby, mais je permettrais d'émettre quelques doutes quand à leur fond de jeu. Mais l'essentiel était-il vraiment là, hier au soir ? Peut-être pas.