Du plaisir, de la souffrance, du suspense et ... la Victoire !!!
L'enjeu est clair: victoire obligatoire, tant pour des Gersois antépénultièmes, en quête de confiance, de certitudes et d'expériences, et des Dacquois, auteur d'un début de saison indigne de leur recrutement, en proie au doute. L'ambiance est forcément tendue, l'air lourd, le bérêt taille la bavette dès l'avant-match, les ventilateurs automatiques en costard du Moulias particulièrement en verve, la moustache saillante.
Dès l'entame, le FCAG propose de mettre sous l'éteignoir le feu follet jeu landais en opposant un jeu de mouvement(s), puissant, dynamique, efficace ... Bref, parfait ! La mêlée est extrêmement solide (le n°1 landais pliant dès la première occasion...), particulièrement bien charpentée par nos deux secondes lignes maison, la troisième ligne est disciplinée, solide, agile, un PAD inspiré dès son ballon, admirablement servi par un Anthony Salle-Canne pile dans le tempo, un Aloisio Buto particulièrement sûr sur les réceptions de balles hautes et à l'aise à son poste de centre... Mais plus que les individualités, c'est ce jeu qui fait merveille; ça se déplace, ça avance, ça marque ! Le crampon de PAD se livre à l'efficace exercice du drop avec réussite d'entrée de jeu. Un Blitzkrieg à la mode Gersoise, rondement mené !
Dax ne s'en laissera pas longtemps compter, puisqu' immédiatement, dès leur première (et seule !!) incursion dans les bases Gersoises, les Dacquois profitent de deux plaquages manqués pour répondre du tac au tac ! Le match est lancé et il ne sera pas en toc.
Là non plus, la réplique ne se fera pas attendre, le FCAG, et ce, jusqu'à la fin du premier acte, dictera sa loi, ajoutant les pénalités au compteur, inscrivant dans la durée cette dynamique incroyable. Malgré tout, même si cette première cuvée fut du meilleur tonneau, on regrettera les points laissés en route (certes de peu, mais ils furent nombreux), ainsi que les deux plaquages manqués amenant l'espoir Dacquois. Une mi-temps particulièrement satisfaisante, mais qui avec un chouïa de maîtrise supplémentaire, aurait du pousser le compte-tours visiteur dans le rouge avec trente grains à pas grand chose dans la musette.
Les dix minutes de pause n'appartiennent qu'aux joueurs et entraîneurs, obscures, impénétrables; mais de ce brouillard naquit le tournant du match. Le Docteur Jekyll a laissé sa place, respectant son temps d'audience, à Mister Hyde.
Le FCAG, pourtant toujours vaillant et plein d'engagement, verra son jeu se ternir: jeu au pied moins précis, moins lucide... Ils n'en faut pas plus à des Dacquois retrouvés pour se refaire la cerise. Pire, la marée Dacquoise revient à son train, à sa main. Lentement, sereinement. Lagardère, inévitablement, en chef de file. La vague est montante, assène ses coups de butoir au roc Auscitain, érodant petit à petit chacune de ses fondations. L'édifice tient, vacille parfois, puis doute. Et ce raz-de-marée s'intensifie aussi rapidement que le chrono se ralentit. Restera-t-il suffisamment de temps pour garder la tête hors de l'eau ? Embourbé dans le sable vaseux des Landes, les Gersois se démènent mais peinent à lutter contre les éléments, cette eau qui monte, ce vent qui se lève, ce soleil qui tombe. En fin de match, l'eau commence à chatouiller la glotte, les marins sentent le vent tourner et voient poindre la perturbation venue de l'Océan arriver droit sur le Moulias ! Assurément, dimanche sera pluvieux !
Heureusement, parfois maladroit lui aussi, face à des poteaux qu'il connait pourtant mieux que ceux de Maurice-Boyau, le pied du Chevalier Lagardère trembla. L'homme en jaune, maître des éléments, décida alors, par un coup de sifflet, de libérer la victime du doute, de l'assaillant et de la force des éléments. Le Stade Jacques-Fouroux peut souffler, il a encore eu chaud. Mais quel plaisir quand même !! Les promesses deviennent prémices, les matchs grand-messe, et les mousses amassent un trésor fabuleux: l'expérience.